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Alexis Muñoz, l’entrepreneur des oliviers

Alexis Muñoz est elaïologue, c’est un expert de l’huile d’olive. Sa mission d’entrepreneur : planter des oliviers en France et produire de l’huile de qualité au prix juste ! Rencontre avec un entrepreneur qui se régale.

D’où vient ta passion pour l’huile d’olive ?

Franco-espagnol, j’ai grandi dans une famille espagnole avec une grand-mère exceptionnelle, très bonne cuisinière, qui avait de l’huile d’olive tout le temps avec elle. L’huile d’olive fait partie des ingrédients que j’ai toujours vu à côté de moi. C’est un produit fascinant, par sa texture, sa couleur, sa transparence. Quand il sort pressé, il sort vert fluo !

J’aime aussi son caractère social : que tu sois un pauvre paysan ou un richissime dans le XVIème arrondissement de Paris, tu as de l’huile d’olive chez toi. Et même, le paysan peut avoir une meilleure huile que la personne très riche. L’huile d’olive est accessible à tous.

La bonne huile d’olive n’est pas forcément chère.

Le marché de l’huile d’olive est séparé en deux camps : d’un côté les grands industriels, de l’autre côté les petits artisans, c’est vraiment dommage.

Comment es-tu devenu entrepreneur de l’huile d’olive ?

J’ai commencé ma carrière dans l’événementiel au sein d’un grand groupe international. Pendant cette première vie, je voyageais beaucoup et j’ai beaucoup appris.

Puis j’ai eu envie de changer de vie et de retourner au travail de la terre. La nature te résiste, donc elle t’apprend à écouter, à regarder, à patienter, à respecter le temps… l’inverse de ma vie hyperactive pleine de défis à outrance.

Je voulais joindre à la fois ma passion de l’huile d’olive à la raison d’un enjeu économique, en participant à la lutte contre le dérèglement climatique. Je me lançais dans un processus long, avec beaucoup de questions, d’appréhension et une perte totale de mon confort. Personne ne m’attendait sur ce terrain, il fallait que je comprenne ma place dans ce monde-là. Et j’ai créé ma société Première Matière, basée à Lyon pour être au cœur de la gastronomie française.

Quelle est la mission de ta société ?

J’interviens sur toute la chaîne de production de l’huile d’olive, de la terre jusqu’à la cuisine. Je suis élaïologue, c’est-à-dire que je travaille à 360° : le choix du terrain propice à la culture des oliviers, la plantation d’oliviers, le choix du moulin, le choix de la technique de broyage, l’ingénierie du moulin, la production de l’huile, la vente de l’huile aux grands chefs et maintenant la vente de l’huile d’olive aux particuliers. Je ne peux pas imaginer ne faire qu’une partie du travail. Je suis engagé avec la terre autant qu’avec les cuisiniers, j’utilise mes connaissances accumulées depuis plus de 20 ans à travers mes rencontres, mes visites d’oliveraies, de moulins, etc.

Pour des raisons historiques et foncières, la France produit moins de 5 % de l’huile d’olive qu’elle consomme.

Mon objectif est de donner envie aux gens, surtout aux jeunes, de planter des oliviers, d’investir dans des oliveraies.

Pour cela, j’accompagne des personnes qui veulent planter des oliviers et produire de l’huile d’olive en pilotant leur projet de A à Z. Par exemple, j’ai participé à la plantation de 100 000 oliviers près d’Uzès dans le Gard.

L’olive est un fruit d’hiver qu’on peut presser quand il est vert, donc pas encore mûr, quand il est mûr et quand il est très mûr. Donc avec une seule variété, on peut faire 3 huiles d’olive différentes !

Pour ma marque 18:1 (pour C18:1, la formule de l’acide oléique), j’ai choisi de créer des huiles d’olive avec une seule variété et deux maturités différentes. Cette huile est vendue dans un contenant respectueux du produit donc opaque pour préserver l’huile de la lumière.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur est libre, créatif, partageur et fédérateur. Il donne un sens au quotidien des personnes qui l’entourent pour qu’elles fassent de leur métier autre chose qu’une activité alimentaire.

L’entrepreneuriat est un outil d’épanouissement pour l’entrepreneur et, s’il est authentique, pour ses collaborateurs. L’entreprise est un outil social qui permet à des personnes de vivre, de partager, de tisser des liens.

L’économie ne peut pas être dissociée du social.

L’entrepreneuriat offre une liberté de créer qui est la seule façon de laisser une trace après ma vie. Je veux laisser des arbres derrière moi pour rendre à la terre ce qu’elle nous donne.

Quel livre t’a particulièrement marqué ?

Le livre que j’ai le plus lu est : « Ou tu porteras mon deuil » de Larry Collins. C’est une fresque historique qui alterne le récit d’un torero depuis sa naissance dans un village pauvre et le récit de la guerre civile espagnole. Ce livre est magnifiquement bien écrit. Il a marqué mon esprit parce qu’il retrace mon passé. Je suis un homme résolument moderne mais je n’oublie pas mon passé dans ses forces, ses travers, ses valeurs, etc.

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