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Alexis Normand : l’entrepreneur de notre empreinte carbone

Avec Greenly, Alexis Normand propose une technologie qui analyse l’empreinte carbone de chacune de nos dépenses. Une façon pédagogique de nous faire prendre conscience de notre impact quotidien sur la planète. Rencontre avec un entrepreneur qui veut nous aider à changer nos habitudes de consommation.


Comment es-tu devenu entrepreneur ?

J’ai grandi dans une famille de fonctionnaires, donc rien ne me prédestinait à devenir entrepreneur. Ma carrière commence d’ailleurs dans un grand groupe. J’ai fait partie des premières personnes à acheter un bracelet connecté pour compter ses pas. J’y ai tout de suite vu le futur de la santé.

Un jour, je me suis adressé à Withings, une entreprise qui développe des objets connectés. La nouvelle de science-fiction sur le sujet que j’avais écrite a retenu leur attention et ils m’ont embauché

J’ai commencé par être intrapreneur  !

J’ai créé le département BtoB de prévention financé par les grands acteurs de la santé comme les assureurs ou les laboratoires pharmaceutiques. Après quelques années, je dirigeais le bureau de Boston de Withings. Quand j’ai quitté Withings, j’ai d’abord aidé quelques startups à Boston mais j’ai pris le virus entrepreneurial et j’ai voulu créer ma propre startup en retrouvant le bonheur des débuts de Withings.

Je suis revenu en France l’été 2019 et j’ai lancé Greenly avec Matthieu Vegreville et Arnaud Delubac.


Quelle est la mission de Greenly ?

Greenly a pour mission d’enrichir l’expérience du paiement par une prise de conscience de l’impact écologique de chaque achat. Notre technologie permet de donner le coût pour la planète de chaque transaction financière. Un jean acheté, un kilo de viande, un déplacement en voiture… tout est analysé.

Sur l’application mobile Greenly, l’utilisateur agrège l’ensemble de ses comptes bancaires. Dans un premier temps, il obtient l’empreinte carbone de tous ses achats. Il peut ainsi avoir une idée précise des effets sur la planète de son comportement d’achat. Les calculs et les méthodologies utilisées sont accessibles à tous dans une volonté d’amélioration continue.

Notre premier but est la pédagogie et la prise de conscience.

Dans un deuxième temps, nous proposons des alternatives plus vertes aux dépenses les plus consommatrices de carbone pour que l’utilisateur puisse modifier ses habitudes. La notion d’habitudes est importante : il ne s’agit pas de faire un bilan carbone une seule fois, le bilan carbone de l’utilisateur évolue à chaque dépense, au jour le jour. Une modification d’habitudes de consommation se voit donc immédiatement, ce qui est gratifiant et encourageant pour les utilisateurs.

Chacun a le moyen d’être acteur de la lutte contre le changement climatique en analysant l’empreinte carbone de ses achats, puis en modifiant ses habitudes de consommation.

Enfin, l’utilisateur peut aussi financer des projets de transition écologique, comme des centrales éoliennes en Inde, préserver une forêt au Brésil, etc. Un système de cash-back est en place pour que les utilisateurs puissent récupérer une partie des gains réalisés à dépenser dans des enseignes vertes partenaires.

Pour le moment, c’est une application mobile mais cette technologie pourrait aussi être directement intégrée dans l’application de gestion de budget des différentes banques.


Comment interprètes-tu les évolutions de consommation ?

Il y a une réelle prise de conscience des consommateurs de leurs impacts de consommation sur la planète, surtout au niveau alimentaire.

70 % des gens disent vouloir se nourrir de façon plus responsable selon une étude de WWF de 2017.

Les marques qui s’engagent dans la préservation de l’environnement sont plébiscitées par les consommateurs. Le succès de Yuka en est bon exemple : il suffit que 5 % des consommateurs se détournent d’une marque pour que ce soit alarmant pour cette marque. Donc je pense que cela peut bouger très vite.

La seule chose qui bloque encore c’est le poids des habitudes, le manque de pédagogie et parfois le manque de moyens financiers. La solution la plus appropriée est le changement des comportements en valorisant les nouveaux comportements. Une approche punitive de la lutte contre le changement climatique n’est jamais efficace.

En France, globalement, nos émissions de gaz à effet de serre diminuent tous les ans. Greenly participe à la réconciliation de la croissance et de la soutenabilité.

Nous avons le devoir d’inventer une croissance moins carbonée.


Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur prend le risque de créer une organisation et se paye sur la réussite. Il se donne les moyens d’être libre.

Il me semble qu’on surestime toujours le risque et qu’on sous-estime toujours les chances de succès. Surtout, un entrepreneur ne se paye pas seulement financièrement. L’aventure est sa propre récompense.


Quel livre t’a particulièrement marqué ?

L’un des derniers livres qui m’a marqué est « La sixième extinction » de Elizabeth Kolbert, Prix Pulitzer. Cette journaliste du New Yorker elle explique que, quand Georges Cuvier, au début du XIXe siècle donc avant Darwin, commence à déterrer des fossiles ce qui introduit la notion d’extinction d’espèces, il se heurte à un scepticisme ambiant qui ressemble fortement au scepticisme actuel face à la perte de biodiversité et d’extinction des espèces. Ce livre est très éclairant sur l’impact monumental de l’activité humaine sur la planète et la biodiversité. C’est la grande affaire de notre génération !

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