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David Guinard, un expert de l’entrepreneuriat livre ses conseils

Le parcours entrepreneurial de David Guinard commence par un échec. Puis ce sont les réussites qui s’accumulent dans les domaines du photovoltaïque, de la gastronomie et bientôt de l’hôtellerie. Son métier, c’est de « monter des boîtes ». D’ailleurs, il fait beaucoup d’accompagnement à la création d’entreprise. Futur entrepreneur, profite de ses conseils d’expert.

Comment es-tu devenu entrepreneur ?

Quand j’étais à HEC, majeure entrepreneurs, j’ai eu pour mission la création d’un parc d’attraction à Saint Malo. Dès que j’ai obtenu mon diplôme, mon tuteur m’a proposé de monter ce projet… et ce fût un échec !

Foirer ce projet a été la meilleure expérience de ma vie.

Quelqu’un qui n’a pas échoué dans un projet, à un moment ou à un autre, manque quelque chose. Grâce à cet échec, j’ai clairement pu voir quels sont mes domaines de compétences et quelles sont mes limites. J’ai aussi compris que je ne pouvais pas monter une société tout seul et qu’il fallait absolument que je m’associe avec des personnes très compétentes dans les domaines où je suis plus faible, et surtout avec lesquelles gérer émotionnellement les hauts et les bas de la création d’entreprise.

De retour à Paris, je suis d’abord devenu salarié dans des grands cabinets de consultants et de gestion d’actifs. J’ai appris plein de choses, mais la hiérarchie ne me plaît pas, je préfère être indépendant. C’est à cette période que l’idée de Photosol est sortie de ma tête. J’ai réussi à mettre 4 ans de salaire réduit de côté et j’ai créé Photosol avec deux associés.

Quelle est la mission de Photosol ?

Photosol produit de l’électricité solaire. Notre activité est de chercher des terrains en France et dans le monde, construire une centrale photovoltaïque dessus et la gérer pendant 40 ans, la durée de vie des panneaux photovoltaïques. En 10 ans, nous sommes devenus le deuxième producteur d\\’électricité solaire derrière Engie mais devant EDF. Notre grande qualité, c’est d’être agile, réactif et de donner confiance aux propriétaires des terrains. Quand EDF a besoin de plusieurs semaines pour valider une décision, Photosol ne met qu’une minute.

Le photovoltaïque est en train de révolutionner le monde de l’énergie.

Aujourd’hui, pour pouvoir fermer Fessenheim, il faut construire des centrales photovoltaïques, pas des centrales nucléaires ! Le photovoltaïque n’est pas une alternative au nucléaire, c’est un complément. La nuit, évidemment, on ne peut pas produire d’électricité solaire. En revanche, pendant le pic de consommation entre midi et 14h, le photovoltaïque est une vraie solution qui permet de fermer des centrales gaz.

Quelles autres activités as-tu développées ?

Je me suis lancé, avec d’autres associés, dans l’aventure Culinaries qui distribue des produits gastronomiques. Nous misons sur la qualité gustative des produits, c’est-à-dire des produits que les chefs étoilés acceptent de mettre dans leurs assiettes et sur la qualité écologique, donc sans aucun produit artificiel. Par exemple, tous les engrais utilisés sont naturels. De même, nous distribuons des vins natures, c’est-à-dire à base de raisins produit en biodynamie, et vinifiés sans le moindre ajout de sulfite. Culinaries regroupe un site marchand pour vendre nos produits et un réseau d’épiceries, de bars à vins et de restaurants pour faire goûter nos produits. Notre premier lieu de dégustation est le Yard, un restaurant et bar à vin qui propose plus de 900 références de vin nature, donc certaines bouteilles de près de 20 ans (infirmant ainsi la rumeur selon laquelle le vin sans sulfite ne se conserve pas !).
En mars 2019, la cave et le bar des nouvelles Galeries Lafayette de l’avenue des Champs-Élysées seront exclusivement remplis de nos vins naturels. Le vin nature permet aux vignerons de mieux vivre, parce que leur travail est mieux valorisé, tout en protégeant leur santé puisqu’ils n’utilisent plus de pesticides. Et il se vend très bien parce qu’il offre une palette de goût élargie et qu’il est mieux toléré par les personnes allergiques.  Une autre activité est en train de voir le jour : au printemps 2019, j’ouvrirai un hôtel 4* à Honfleur.

Toutes ces activités ont en commun de changer un ordre établi dans des secteurs caractérisés par l’inertie et le conservatisme. Le tourisme, par exemple, est une des activités majeures de la France et pourtant elle innove très peu.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur assume à tout moment ses décisions et leurs conséquences. C’est aussi pour ça qu’il est intéressant de ne pas être entrepreneur tout seul. J’assume mes décisions vis-à-vis de mes associés. Mon métier, c’est de monter des boîtes !
Je fais beaucoup d’accompagnement de projets avec une compétence d’ingénierie financière pour que les personnes qui ont des vraies compétences opérationnelles et des vraies visions puissent se focaliser sur ce qu’elles savent faire.

Quels conseils donnerais-tu à un aspirant entrepreneur ?

La priorité d’un entrepreneur doit être de développer son chiffre d’affaires et de gérer sa trésorerie au quotidien. Cela peut paraître bête, mais trop d’entrepreneurs l’oublient. L’idéale est de ne pas se verser de salaires tant qu’il n’y a pas le chiffre d’affaires correspondant.

Et les levées de fond ne doivent pas permettre de verser un salaire aux entrepreneurs. Lever des fonds, c’est pour investir !
On associe encore trop création d’entreprise et levée de fonds. On peut monter des projets sans lever des fonds. Toute une partie du business peut être démarrée sans investisseurs, sans banques, sans business angels, sans personne. L’idée est de créer soi-même son ingénierie financière. Il existe plein de moyens de financer un projet : affacturage, découvert autorisé, toutes les aides de Bpifrance, etc.

Est-ce que tu sais, par exemple, que Bpifrance couvre les facilités de trésorerie de plus de 6 mois accordées par des banques, à hauteur de 1,5 million d’euros maximum, pour toute société de moins de 3 ans ? Et si vraiment tu dois lever des fonds, pense à ta famille et à tes amis. Ce qui m’amène à un autre conseil : il faut des compétences en finance pour monter une société. Donc si tu ne les as pas, associe-toi avec un crack en finance. C’est une bonne idée d’avoir dans son entourage un avocat fiscaliste.

Si tu veux monter une société, ton premier coup de téléphone doit être à ton avocat ! Pas pour lui demander comment créer la société, mais pour lui demander s’il sera toujours à tes côtés quoiqu’il se passe.

Ensuite, la meilleure formation, c’est de se planter au quotidien. L’un des péchés les plus répandus chez les entrepreneurs est l’orgueil. Il faut commencer par apprendre l’humilité et accepter l’idée de se planter tout le temps. Et surtout, ne jamais dire que c’est de la faute des autres. Je le redis : un entrepreneur assume ses décisions. 

Un dernier conseil : il est indispensable de se créer des pauses. Pour garder un certain équilibre, fais du sport, voyage et n’oublie pas tes passions. Par exemple, moi, j’écris et je publie des livres.

À propos de livres, aurais-tu un conseil de lecture ?

Pour le plaisir Proust ou Gary. Pour le business, si tu ne veux lire qu’un seul livre, lis « L’art de la guerre » de Sun Tzu. Il date de l’antiquité chinoise et reste le livre le plus actuel en termes de management.

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