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Frédéric Bardeau entrepreneur du numérique inclusif

Frédéric Bardeau, l’entrepreneur du numérique inclusif

Il voulait devenait militaire, reporter, hacker ou espion, mais c’est dans l’entrepreneuriat social que Frédéric Bardeau s’épanouit. Grâce à Simplon.co, un réseau d’écoles numériques, des milliers de personnes éloignées du marché du travail sont formées gratuitement aux métiers techniques du numérique. Rencontre avec un entrepreneur de l’ESS qui allie intérêt général et Internet.


Comment es-tu devenu entrepreneur ?

Je n’étais pas du tout destiné à devenir entrepreneur. Après une formation en sciences politiques et une formation militaire à Saint-Cyr, je voulais devenir militaire, reporter de guerre ou encore… espion. J’ai même passé le concours de la DGSE mais je l’ai loupé !

Comme il fallait que je travaille rapidement, j’ai atterri dans une agence de communication et dès la fin du siècle dernier, je me suis connecté à Internet à en devenir un vrai geek.

J’avais la conviction qu’Internet allait changer le monde.

Je suis devenu entrepreneur par hasard. À force de créer des choses, j’ai eu envie de les faire à mon nom, sans dépendre d’autres personnes qui ralentissent les projets. D’abord en freelance, puis en gérant une petite équipe, je suis devenu entrepreneur social. En 2003, je fondais une première entreprise sociale qui proposait des solutions de communication pour les ONG. Puis 5 ans après, une autre société dédiée à la communication responsable. Et en 2013, j’ai co-fondé Simplon.co.


Comment est née l’idée de Simplon.co ?

L’idée de Simplon.co est de faire converger l’intérêt général et Internet : former gratuitement des personnes aux métiers techniques du numérique.

J’ai beaucoup fréquenté les Anonymous pendant deux ans, j’ai même écrit le premier livre sur ce mouvement de hackers : « Anonymous, pirates informatiques ou altermondialistes numériques ? » en 2011. Ce qui me gênait avec ce groupe est qu’ils n’étaient pas du tout enclins à partager leurs compétences. Selon moi, il faut partager ses compétences en code au plus grand nombre.

J’avais gardé contact avec d’anciens étudiants lors de mes interventions au CELSA. En fait, ce sont eux qui ont eu l’idée de Simplon. Un jour, ils m’ont expliqué ce principe qui existait déjà aux États-Unis, et j’ai tout de suite adoré l’idée : former des gens gratuitement au développement web !

Au début, je leur donnais seulement un coup de main, et puis un peu plus et enfin nous avons créé la société ensemble, avec ces anciens étudiants du CELSA. C’était la même semaine que le lancement de l’école 42 de Xavier Niel. Nous surfions tous sur cette même vague de la démocratisation du code.


Quelle est la mission de Simplon.co ?

Simplon.co crée un cercle vertueux en résolvant deux problèmes : d’un côté un nombre grandissant de chômeurs, de l’autre une demande immense de codeurs.

Un chômeur coûte environ 13 000 € par an à l’État, entre les prestations sociales versées et le déficit d’impôt sur le revenu. Et c’est sans compter que la santé des chômeurs est plus fragile !

La transformation numérique des entreprises fait exploser la demande de métiers techniques, surtout les métiers intermédiaires.

Nous proposons donc des formations de Bac à Bac+3 qui sont les métiers les plus recherchés en numérique. Dès qu’ils sortent de la formation, les « Simploniens » trouvent immédiatement un emploi. Nous trouvons des personnes très motivées, talentueuses et pas assez représentées dans les métiers techniques comme les femmes, les réfugiés, les personnes en situation de handicap ou encore les personnes issues de minorités. Notre mission est aussi de faire accepter ces profils atypiques aux entreprises qui les recrutent après.

Nos écoles, appelées “fabriques”, ne sont pas dans les grandes villes, mais dans les quartiers populaires, là où se trouvent les gens en difficultés qui ne sont pas toujours mobiles. Même notre siège social est à Montreuil. Au total, une centaine de fabriques est répartie sur tout le territoire français, y compris l’Outre-mer, et à l’étranger, de la Roumanie au Mali. 

Nous devons trouver des financements pour payer des formateurs qualifiés et compétents, et des locaux accueillants. Chaque promotion est financée différemment avec un mélange de subventions et de mécénat des entreprises.

Toutes les solutions de financement sont envisagées sauf faire payer les apprenants.


Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

En devenant entrepreneur, j’ai appris qu’il y a plein de types d’entrepreneurs différents. Un entrepreneur essaye de résoudre un problème de manière innovante. Mais selon moi, s’il ne répond pas à une problématique sociale ou à une problématique environnementale, il vient surtout apporter un problème supplémentaire.

Si vous cherchez des idées d’entrepreneuriat, les Objectifs de Développement Durable de l’ONU sont un bon départ.

Un entrepreneur a une liberté complète, il peut imprimer sa patte sur tous ses projets, il peut choisir son métier, son activité et s’organiser comme il le souhaite. Pour cela, il s’expose à différents risques, y compris le risque financier.

Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à trouver la bonne distance entre ma vie professionnelle et ma vie privée, à ne plus être “mangé” par mes projets. Maintenant, je suis un entrepreneur apaisé qui n’a plus du tout le syndrome de l’imposteur.

Mon histoire d’entrepreneur est un peu le Simplon de l’entrepreneuriat : on apprend par les échecs et les erreurs. J’ai surtout appris au contact des gens et encore plus au contact des gens avec qui j’ai vécu mes échecs qui me permettaient de me remettre en cause en permanence.

La vie d’entrepreneur est très difficile, le taux d’échec est très important, certains parlent de 9 projets sur 10 qui échouent. L’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille, c’est l’instabilité permanente. Que cela marche ou pas, c’est de toujours de ta faute !


Quel lecteur es-tu et quel livre qui t’a le plus marqué ?

Je suis un boulimique de livres : je lis au moins une vingtaine de livres par mois depuis 30 ans.

Ces derniers mois, « Ecotopia  » de Ernest Callenbach m’a beaucoup marqué. Ce livre date des années 70 et le défi écologique existait déjà ! L’histoire suit un journaliste américain qui est le premier à pénétrer dans une enclave écologique, isolée depuis plus de 20 ans. Au début, le journaliste est très sceptique et petit à petit il se convertit aux idées de cette nouvelle forme de société utopique. Ce roman m’a mis une vraie claque et le récit est magnifique.




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