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Laurent Ifrah, l’entrepreneur des escape games

Laurent Ifrah a créé une société… pour arrêter de se demander tous les soirs ce qu’il faisait de sa vie ! Le co-fondateur de la Lock Academy, l’une des plus grandes enseignes d’escape games à Paris, raconte son parcours d’entrepreneur et délivre de précieux conseils en entrepreneuriat. 

Comment es-tu devenu entrepreneur ?

Après mes études d’ingénieur, je suis devenu auditeur financier pour l’un des plus grands cabinets du monde. J’ai appris la rigueur, la pression et surtout la capacité d’adaptation à toutes les situations possibles en plus de développer des compétences financières. J’avais un très bon salaire mais une qualité de vie pourrie.

Tous les soirs, je me demandais ce que je faisais de ma vie.

Ce mal-être m’a poussé à me tourner vers ma vraie passion : le jeu ! Je voulais créer des jeux.

Avec mon associé, Romain Santiago, nous avons testé le tout premier escape game de Paris en 2014. Le concept nous a plu et on a su qu’il y avait un marché. Tout en gardant chacun notre boulot, nous avons développé notre propre escape game. Comme on ne voulait pas se mettre trop de pression, on l’a pris comme une sorte de “projet d’étude” pour apprendre à briser les obstacles successifs de l’entrepreneuriat.  Finalement, au bout d’un an, nous avions levé tous les obstacles et nous avons lancé la Lock Academy en octobre 2015.

Créer ma société m’a permis de trouver un sens à ce que je fais tous les jours ! Maintenant, je ne passe plus mes nuits à me demander ce que je vais faire de ma vie. Cette question a totalement disparu.

Quelle est la particularité de la Lock Academy ?

La Lock Academy propose des escapes games avec des vraies histoires. Trop souvent, l’histoire qui est racontée avant de lancer la partie est oubliée en cours de jeu et les énigmes n’ont pas de rapport avec cette histoire. Dans les jeux que nous proposons, il y a toujours une histoire avec un début, un milieu, une fin, des rebondissements, etc. C’est un peu un « film dont vous êtes le héros ». En plus, nous avons créé un lien entre toutes les histoires, autour d’un thème central : l’école de détectives.

Créer des jeux demande beaucoup d’empathie pour pouvoir se mettre à la place des joueurs. Bien sûr, toutes nos énigmes sont testées et les mécanismes de jeu sont expérimentés, mais il reste toujours une part de risque jusqu’à la construction de la salle.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur est quelqu’un qui mène un projet de A à Z et ce projet l’habite jour et nuit ! Pour être entrepreneur, il faut être prêt à faire passer son projet devant tous les autres projets de sa vie. Cela demande souvent des sacrifices importants, mais mon travail me profite à moi et pas à d’autres personnes. Si quelque chose doit être fait, personne ne va le faire à ma place. Une entreprise est une charge mentale, c’est-à-dire que j’ai toujours dans la tête quelque chose à faire. Ma to do list n’est jamais vide !

En tant qu’entrepreneur, je prends toutes les décisions et surtout je dois les assumer. J’ai une responsabilité énorme vis-à-vis de ma société et de mes salariés.

Si ma société coule, c’est de ma faute !

Quoiqu’il arrive, c’est mon erreur, c’est que je n’ai pas réussi à mettre en place les conditions nécessaires pour que le souci n’apparaisse pas.

C’est particulièrement vrai dans le management. Gérer des équipes, c’est les mettre dans les meilleures conditions possibles. Ce n’est pas donner des ordres, mais tout mettre en œuvre pour qu’ils puissent faire le meilleur boulot possible.

D’ailleurs, l’humilité est une qualité indispensable de l’entrepreneur. Il faut toujours savoir se remettre en question. Autre qualité incontournable : la capacité d’adaptation. Si tu sais t’adapter, tu peux trouver des solutions à presque tout.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut devenir entrepreneur ?

  • Premier conseil : ne te lance pas tout seul ! Une seule personne ne peut pas avoir toutes les compétences indispensables pour monter et gérer une société. Il faut donc se lancer avec quelqu’un qui des compétences complémentaires. Surtout, l’entrepreneuriat est un long chemin avec des moments de doute, de questionnement, de baisse de motivation, etc. Être deux, ou plus d’ailleurs, permet de s’épauler mutuellement.
  • Deuxième conseil : mature bien ton projet ! Il ne faut pas se lancer parce que tu as une bonne idée, il faut d’abord tester le projet, le marché, etc.

L’idée, c’est seulement 1 % du travail, la réalisation, c’est 99 %. 

  • Troisième conseil : faire confiance aux professionnels avec lesquels tu vas travailler. Il ne faut pas être hermétique aux conseils des personnes qui connaissent leurs métiers. Si un prestataire ne va pas dans ta direction, il faut écouter ses arguments sans s’entêter.
  • Dernier conseil : avoir une certaine idée du monde du travail est important. Ce n’est pas indispensable d’avoir travaillé avant dans une entreprise, mais cela peut aider.

Qu’est-ce qui pourrait développer l’entrepreneuriat en France ?

La simplification des démarches encore très complexes. L’objectif d’un entrepreneur, c’est l’activité de sa société, il devrait en faire 80 % de son temps de travail. Dans la réalité, un entrepreneur passe une bonne partie de son temps à gérer l’administratif.

Le travail des entrepreneurs et le développement des entreprises ne sont pas facilités. Les règles sont les mêmes pour une TPE/PME que pour un grand groupe alors qu’une petite entreprise est bien plus fragile. Un exemple concret : un arrêt maladie dans un grand groupe est rapidement remplacé par un autre salarié. Pour une entreprise comme la Lock Academy qui n’a que 25 salariés, c’est un casse-tête !

C’est la même chose sur le plan fiscal. La fiscalité, notamment l’impôt sur les sociétés, ne devrait pas être le même pour les petites structures que pour les grands groupes. Il faudrait un ensemble de mesures qui facilitent l’embauche des salariés en CDI pour les petites structures. Je reste persuadé qu’un salarié en CDI est bien plus productif parce que plus impliqué dans son travail, qu’un salarié précaire.

Quel livre t’a particulièrement marqué ?

Le livre qui m’a le plus marqué est « Le joueur d’échecs » de Stefan Zweig. Il m’a fait prendre conscience que celui qui travaille plus que les autres, celui qui est vraiment obsédé par quelque chose, peut devenir meilleur que tout le monde. Il faut alors trouver le juste milieu entre travailler énormément pour atteindre un objectif et… ne pas devenir fou.

Quand je lis des interviews de grands champions sportifs, je suis impressionné par leurs manières de garder en tête leurs objectifs très élevés tout en conservant une santé mentale.

Voir comment les personnes qui ont très bien réussi gèrent leur vie au quotidien est très inspirant !

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