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Nicolas Pasquet, enseignant et entrepreneur

Après une thèse en Sciences de Gestion à Centrale Paris, Nicolas Pasquet est devenu enseignant dans cette école et il dirige maintenant le Mastère Spécialisé Innovation et Transformation. C’est en développant des projets pédagogiques qu’il a l’idée de créer sa propre agence de conseils en innovation et \ »trans-formation\ », Makin’ov. Rencontre avec un entrepreneur pas si académique.

Comment es-tu passé de l’enseignement à l’entrepreneuriat ?

Au sein de Centrale, j’ai pu participer au montage des ateliers de développement professionnel et de leadership (ADPL) pour permettre aux étudiants de développer leurs compétences comportementales en tant qu’entrepreneur, innovateur et leader. C’était une forme d’intrapreneuriat puisqu’il fallait tout créer, convaincre l’école comme les profs. L’année suivante, Centrale a créé un nouveau département Leadership et métiers de l’ingénieur auquel je me suis rattaché. Pour mieux valoriser ces missions, j’ai conçu avec Serge Delle-Vedove et Dimitri Dagot un nouveau Mastère Spécialisé Innovation et Transformation. Je dirige ce Mastère pour former les acteurs de la transformation capables de porter des projets à enjeux dans des univers complexes.

Avec Nassef Hmimda que j’ai connu dans le cadre de ma thèse, nous répondions à des missions au nom de Centrale Paris. Un jour, nous avons décidé d’aller plus loin et de créer notre propre société : Makin’ov.

Quelle est la mission de Makin’ov ?

Makin’ov est une agence de conseils en innovation et trans-formation ! Les organisations ne peuvent se transformer que si les individus à l’intérieur se transforment. Pour cela, il faut que les salariés se forment et expérimentent eux-mêmes. Nous avons développé 3 lignes d’activités : l’innovation, la transformation et agilité, et la prospective.

  • En termes d’innovation, on crée et on anime des événements pédagogiques de types “hackathon” : les Innovation Days. Par exemple, nous proposons une immersion collective grâce à un “immersarium” qui projette à 270° ou notre laboratoire “phygital” (contraction de Physique et Digital) pour réaliser n’importe quel prétotype (ou Proof of Value) en moins d’une journée, etc. Nous formons également des ambassadeurs de l’innovation capables de trouver de nouveaux leviers de croissance et de répandre de nouvelles pratiques au sein de leurs entreprises respectives.
  • Sur le plan de la transformation et de l’agilité, on forme des managers et des collaborateurs sur plusieurs semaines pour qu’ils deviennent des référents agilité dans leur organisation. Sur des temps plus courts, on utilise un jeu de rôle que nous avons créé : AGILIS.
  • Pour la prospective, sachant qu\\\’il nous est impossible de prédire l\\\’avenir, la meilleure façon de s\\\’y prendre, c\\\’est d\\\’imaginer le futur souhaitable et désirable que nous voulons voir émerger. Depuis 2009, je fais partie du programme « Création d’un Produit Innovant » (CPi) qui réunit des étudiants de 3 grandes écoles (Centrale, Essec et Strate) et des entreprises de tout secteur. Dans ce cadre, je co-dirige avec Arnaud Lecat, un programme de design prospectif : « CPi Imagine ». J’avais senti avec Arnaud que ce serait intéressant pour nos sociétés respectives (Makin’ov pour moi et Unqui Designers pour lui) de développer un objet un peu différent. Et c’est devenu JANVIER, un jeu de design prospectif qui reprend tout le parcours en une seule journée.

Centrale Paris, devenue CentraleSupélec, a toujours été mon laboratoire pour Makin’ov tout comme Makin’ov est le laboratoire d’innovations pédagogiques de CentraleSupélec Exed.

Ce qui me fait le plus frétiller, c’est de concevoir des jeux et des concepts. On conçoit grâce à des intercesseurs : des personnes, des livres, des musiques, des lieux, des odeurs, etc. Plus tu es en mouvement, plus tu as de chances de trouver LE truc qui te fera créer.

Est-ce que c’était ta première aventure entrepreneuriale ?

Non. Il y a quelques années, j’avais rejoint un ami qui avait fondé une société autour des microalgues : Phycosource. Pour en assurer la commercialisation, nous avons créé Phycoenergy qui avait pour but de développer les marchés pour les métabolites produites en laboratoires par Phycosource. Notre principal client était l’industrie sucrière, notamment pour développer des biocarburants. L\\\’expérience s\\\’est arrêtée en 2016 pour mieux me consacrer au développement de Makin\\\’Ov.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur est un architecte du sens. Le rôle d’un entrepreneur est de tisser des liens entre ses idées et un produit puis entre un produit et un marché et enfin des liens entre les gens, grâce à une technique. Un entrepreneur est un Spiderman de l’action !

L’entrepreneuriat donne la liberté de créer, la capacité de former une équipe, de dénicher les gens qui ne passeraient pas les normes parce qu’ils viennent de milieux défavorisés. Pourtant, ce sont les personnes que je comprends le mieux. L’entrepreneuriat nécessite une vision de long terme, donc une approche systémique pour viser la performance dans la durée.

Je ne vois pas une grande différence entre mon rôle d’entrepreneur et mon rôle académique.

Je me suis comporté comme un entrepreneur très tôt sans mettre de mot dessus. J’ai toujours eu cette petite voix qui me donne de la confiance, qui me permet de mobiliser de nombreuses ressources complémentaires autour de moi.

Il me semble important de se poser 2 questions : Quel monde est-ce que je souhaite à 5, 10 ou 15 ans ? Quelle place est-ce que je souhaite occuper dans ce monde-là ? À partir de ces réponses naît une forme d’engagement vis-à-vis de soi-même : qu’est-ce que je peux faire pour obtenir ce monde ?

Quel livre t’a marqué récemment ?

Je ne lis pas toujours un livre de la première page à la dernière page parce que je me laisse emporter par la beauté des phrases, la mélodie et la richesse de mots. Récemment, j’ai lu « Résonance » de Hartmut Rosa sur la densification du temps qui crée des problèmes de temporalité. Il essaye de modéliser nos comportements par rapport au monde sous l’angle sociologique pour mieux comprendre le bonheur. Il part du postulat selon lequel notre bonheur dépend de notre rapport au monde, donc au temps.

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