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Stéphanie Poulage, entrepreneur passionnée de senteurs

Stéphanie Poulage est parfumeur créateur. Après des années de salariat pour apprendre son métier, elle lance sa propre marque de parfums. Rencontre avec une créatrice qui partage sa passion du parfum et l’entrepreneuriat.

Comment on dit \ »entrepreneur\ » au féminin ?

Je n’ai pas ce souci de féminiser les mots. C’est le métier d’entrepreneur, comme le métier de parfumeur.

Comment es-tu devenue entrepreneur ?

En sortant de l’école de parfumerie, je voulais déjà me lancer toute seule, mais il fallait d’abord que j’apprenne mon métier. J’avais besoin de faire mes classes et je suis restée 12 ans salariée chez une seule grande marque de parfum. Suite à un événement personnel, je me suis dit qu’il fallait que je le fasse pour ne pas avoir de regret. Le jour où j’ai donné ma démission, je me suis sentie pousser des ailes et je suis devenue parfumeur indépendant. J’ai travaillé dans des conditions exceptionnelles : enfin, je n’avais personne sur le dos. J’ai dû vraiment désapprendre tous les automatismes de l’industrie cosmétique pour commencer à créer. J’ai mis plusieurs années à mettre en forme mon projet parce que j’avais du mal avec la partie administrative, la gestion, l’aspect financier, etc. Tout s’est accéléré quand j’ai rencontré mon associé, Gaëtan Ferté. En 2015, ma propre marque de parfum, Poulage Parfumeur, était lancée. C’est une aventure excitante, je ne me suis jamais autant amusée.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur sait prendre des risques, mais des risques calculés. Depuis que je suis entrepreneur, je pilote, je suis aux manettes. Quand j’étais salariée, j’étais toujours dépendante des décisions des autres et de leurs raisonnements plus ou moins rationnels. Là, si je fais une erreur, ce n’est que de ma faute, je ne peux pas blâmer les autres.

L’entrepreneuriat est un parcours d’obstacles.

Tu dois prendre les obstacles un par un, comme ils se présentent, analyser la situation et trouver la solution : sauter l’obstacle ou le contourner, voire le détruire.

Est-ce que tu es entrepreneur et artiste ?

Je suis artisan quand je suis dans mon laboratoire, je suis une industrielle quand je fais produire mes parfums par une usine de production, je suis créatrice parce que je propose des nouvelles senteurs, je suis une artiste parce que je travaille sur l’esthétisme et parce que mes parfums véhiculent des émotions. Parfois, je suis aussi vendeuse quand j’assure la promotion des ventes dans les boutiques indépendantes qui distribuent mes parfums. Je suis tout ça à la fois !

Comment crées-tu tes parfums ?

Quand je crée un parfum, je sais exactement où je veux aller, je connais la destination. Un peu comme un alpiniste qui décide de grimper une montagne. Tout l’art, et le plaisir, consiste à trouver le bon chemin. Dans ma tête, je sais ce que ce parfum doit sentir et l’émotion qu’il va créer. Ensuite, c’est une lutte entre mon rêve et la réalité. Je fais des essais, ça ne sent généralement pas du tout comme je voudrais, alors je recommence jusqu’à obtenir ce que je veux. J’y pense jour et nuit. Je ne fais pas des essais dans mon laboratoire tout le temps, mais même quand je fais autre chose, ce parfum continuer de tourner dans ma tête. Cette recherche du parfum qui correspond à mon idée précise me passionne. Avec mes parfums, j’offre du rêve. Je veux que ceux qui portent mes parfums voient leurs rêves se réaliser.

Porter un nouveau parfum, c’est balayer le passé et s’ouvrir une page d’avenir. Pour moi, le parfum fait partie du domaine du pouvoir. C’est le pouvoir le plus mystérieux. Quand elle arrive, une émotion olfactive domine totalement le cerveau et elle influence nos comportements beaucoup plus qu’on ne le croit. L’odorat est le sens le plus rapide de l’humain. D’ailleurs, la première idée qu’on se fait de quelqu’un vient souvent de son odeur, même si c’est inconscient.

Quelle autre activité as-tu développée ?

J’enseigne la formulation de parfum à l’ISIPCA (Institut Supérieur International Parfumerie, Cosmétique et Alimentaire). C’est d’ailleurs le cursus que j’ai suivi. Cette activité est très rafraîchissante. Elle me permet de rester en contact avec les autres professionnels.

Quand tu restes connecté aux jeunes, tu restes connecté à l’avenir.

Comment te formes tu ?

Je lis beaucoup de livres de marketing, de commerce, etc. et sur la parfumerie évidemment. L’un des livres qui m’a marqué est « Luxe oblige » de Jean-Noël Kapferer et Vincent Bastien. Ils racontent ce qu’est vraiment le luxe et comment certains capitaines d’industrie ont pu monter des empires dans ce secteur. Il y a des choses insoupçonnables dans ce livre. Par exemple, dans le luxe, on ne parle jamais de prix !

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