éditions Contenta

logo-white
Thomas Kerjean - MailinBlack - éditions ContentA

Thomas Kerjean, l’entrepreneur qui démocratise la cybersécurité

Après une belle carrière dans les plus grands groupes comme Accenture et Microsoft, Thomas Kerjean a définitivement bifurqué vers l’entrepreneuriat en reprenant la direction de Mailinblack. Il partage sa vision d’entrepreneur, de la cybersécurité, de notre souveraineté numérique… et même de Matrix !  

Comment es-tu devenu entrepreneur ?

J’ai toujours oscillé entre le monde de l’entreprise et le monde entrepreneurial. J’étais arrivé au bout d’un cycle en tant que directeur de la division Intelligence Artificielle et Cloud de Microsoft quand il a fallu que je prenne une décision importante. J’avais le choix entre rejoindre le président de Microsoft France, Alain Crozier, en Chine sachant que j’avais déjà habité en Chine et que je parle le Mandarin ; et partir au Microsoft Redmond campus, le siège du groupe, à Washington.

C’est à ce moment précis qu’une opportunité s’est présentée : reprendre Mailinblack, société basée à Marseille. Le défi professionnel était passionnant et cela correspondait bien à notre projet de famille de revenir à Marseille, notre terre d’origine.

Mailinblack existait depuis 15 ans et il fallait la redynamiser. Je suis plus un repreneur qu’un inventeur, je suis très à l’aise quand je récupère une société existante pour la relancer avec un nouveau plan de développement.

Quelle est la mission de Mailinblack ?

La mission de Mailinblack est de démocratiser la cybersécurité pour qu’elle soit accessible à toutes les organisations de toutes les tailles. Nous nous attachons donc à rendre la cybersécurité plus simple et plus efficace pour tout type d’utilisateur.

Avant mon arrivée, Mailinblack était surtout un anti-spam. Nous avons développé une offre de sécurité à 360° qui couvre tous les besoins des organisations.

Notre deuxième produit est un produit d’éducation. La grande révélation du confinement de 2020 est que trop peu de personnes se sont intéressées à l’adoption du numérique par les utilisateurs. Il faut bien rappeler que l’utilisateur final, c’est-à-dire la personne derrière son ordinateur ou son téléphone, est mise en cause dans 90 % des attaques numériques.

Il existe un cruel manque de formation et d’éducation à la cybersécurité. Mailinblack permet aux utilisateurs de se former à ce sujet compliqué de façon ludique et amusante. Nous envoyons des fausses attaques pour étudier le comportement des utilisateurs et qu’ils puissent ensuite corriger et apprendre de leurs erreurs.

Contrairement à une croyance populaire, les critères socio-démographiques n’expliquent pas à eux-seuls les comportements face à une cyberattaque. Une légende urbaine voudrait que les personnes âgées, les personnes les moins bien éduquées, voire les personnes dans le secteur public soient plus vulnérables face au phishing, c’est-à-dire plus prompts à cliquer sur un mail véreux. Selon nos recherches en cours, il semble que la personnalité entre aussi en ligne de compte.

La sécurité est un sentiment de perception du risque, très subjectif.

Une personne anxieuse à une propension plus importante à réagir à un mail qui joue sur la peur, par exemple qui demande de modifier un mot de passe au risque de tout perdre. À l’opposé, les personnes les plus nonchalantes ont une propension plus élevée à être appâtées par un gain, et ce, quel que soit le niveau d’éducation. Donc les formations à la cybersécurité doivent prendre en compte les critères socio-démographiques et aussi la personnalité des utilisateurs.

Quelles sont les grandes tendances technologiques des prochaines années ?

Déjà, le cloud ! Le monde numérique est en train de se “cloudifier”, c’est-à-dire de basculer sur le cloud. Avant, on avait des ordinateurs connectés à rien. Après, on a eu des ordinateurs connectés à Internet. Maintenant, on a des mégas machines surpuissantes connectées au cloud.

Ensuite, les objets connectés. Que cela soit une bonne chose ou pas, on va vers la voiture connectée, la maison connectée, etc. Et bien sûr, l’intelligence artificielle (IA) ! Tout ce qui peut être porté par une intelligence artificielle le sera. C’est une tendance lourde mondiale.

Ces technologies sont souvent réservées aux organisations les plus riches. Les hôpitaux publics ont démontré leur manque de préparation face aux attaques virtuelles. Toutes les organisations méritent une véritable protection contre les cyber attaques.

Le numérique ne peut pas exister sans sécurité.

Quel regard portes-tu sur la startup nation ?

Quand Emmanuel Macron prononce pour la première fois cette expression de « startup nation », il évoque déjà le NEXT 40, qui réunira ensuite les 40 pépites les plus prometteuses de la Tech en France. La technologie est un secteur qui doit nous appartenir parce que la France ne peut pas rester au ban des Gafam.

Je suis d’ailleurs secrétaire général de la French Tech Aix-Marseille. Le mouvement French Tech, piloté par le ministère de l’Économie et des finances, stimule la Tech en France avec de nombreux programmes pour encourager la création de startups.

Il y a plus de chances maintenant pour réussir dans la Tech qu’il y a 10 ans.

La Tech en France crée de nombreux emplois, des produits concurrentiels et fait émerger des secteurs très performants tels que l’IA, la biotech, etc. Les centres de recherche des grands groupes comme Microsoft et Facebook sont en France.

Maintenant, nous devons travailler à obtenir un cloud français voire européen. Même si le montant des levées de fonds a augmenté, il nous manque des gros investisseurs français ou européens. Le marché est encore trop fragmenté en PME voire TPE, il faut consolider ce marché avec un Venture Capital qui prendrait beaucoup plus de risques que les acteurs actuels.

Quand je fais des levées de fond par exemple, j’ai 60 réponses de VC anglais ou américains et 2 réponses de Français avec des propositions beaucoup plus faibles. Mais je ne suis pas installé à Marseille pour devenir américain. Je cherche à devenir un acteur français et européen.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?

Un entrepreneur est quelqu’un qui a une bonne idée au bon moment et qui travaille de manière à la fois acharnée et humble, avec une grande agilité intellectuelle pour faire grandir son projet et fédérer des gens autour.

Un entrepreneur est un Morpheus dans Matrix, pas un Neo.

L’entrepreneuriat demande certaines conditions : un bon niveau de confiance en soi et un faible niveau d’aversion au risque. L’une des conditions favorisant la réussite est aussi financière : ça aide d’avoir un socle financier solide.

Le rôle de l’éducation est aussi important. Il me semble que si tes parents t’ont dit « attention, tu vas te faire mal » toute ton enfance, tu ne développes pas la même personnalité et la même aversion au risque que si tes parents t’ont laissé te faire un peu mal pour que tu voies ce que ça fait.

Il y a une forme d’inhibition éducative contre laquelle il faut lutter, surtout pour les femmes. Chez MailinBlack, nous réunissons les femmes qui veulent prendre plus confiance en elles pour des sessions de coaching et les aider à lever leurs inhibiteurs.

Quel livre t’a particulièrement marqué ?

Je suis un grand lecteur qui lit environ un livre par semaine. 90 % de mon temps de lecture, je lis pour apprendre. Je suis passionné par tous les sujets ayant trait à l’univers, la vie, la conscience… Le fonctionnement du cerveau me fascine, particulièrement le phénomène de conscience. Comment réunir la physique quantique et la physique gravitationnelle est aussi un sujet qui me prend beaucoup de temps.

Mais mon livre de chevet, le livre qui ne bouge jamais de ma table de nuit, est « Tao Te King » de Lao Tseu, le livre fondateur du taoïsme. Je le relis de temps en temps entre deux livres. Ces poèmes offrent une conception du monde très apaisante.

Dernier livre paru :
« 40 mots pour un numérique responsable » de Frédérick Marchand

À commander dans toutes les librairies en format papier ou format numérique. 

Les commentaires sont fermés.

Panier
  • Votre panier est vide.