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Extrait repenser son business model éditions ContentA

La fin de la RSE a-t-elle sonné ?

Extrait du livre « Repenser son business model » de Sandrine L’Herminier

RSE : Une ambition insuffisante pour transformer les entreprises

Pacte vert européen, loi Pacte, nouvelles réglementations, référentiels  volontaires comme le GRI (Global Reporting Initiative) ou les ODD  (Objectifs de développement durable)… Indiscutablement les entreprises  ont progressé en matière de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) ou  d’ESG (environnement, social, gouvernance) depuis une vingtaine d’année.

Pour rappel, la RSE est définie par la Commission européenne comme  l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et  environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec  les parties prenantes. En d’autres termes, la RSE se caractérise comme la  contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.

Si la démarche est aujourd’hui déployée par bon nombre de sociétés,  cette approche qui consiste à faire «moins mal la même chose» semble  insuffisante pour opérer les transformations qui s’imposent dans les  organisations. Car la finalité des programmes RSE repose plus sur la  gestion du risque et la réduction des externalités négatives que sur l’impact  positif pour la société.

Empilement des couches de réglementations, obsession de la donnée,  manque d’audace des décideurs, de moyens financiers et humains, déficit  de formation des équipes… Les questions de durabilité sont encore traitées  en silo et souvent, hélas, à la marge dans les entreprises. Avec un réel  décalage entre les ambitions affichées et les ressources disponibles pour  opérer une réelle transformation.

L’une des raisons est que les entreprises sont encore confinées dans des  logiques traditionnelles, c’est-à-dire la croissance à tout prix et le profit  avant tout. La dimension ESG déconnectée de la stratégie avance à petit  pas en occultant les difficultés inhérentes à la transformation massive  imposée par la transition écologique et sociale. Au final, le système mis en  place par les élites et relayé par les entreprises ne fait que panser les plaies  sans s’attaquer à l’origine du mal.

Ce changement systémique qui doit être à la fois politique, économique et  sociétal peine à s’imposer pour de nombreuses raisons.

Des départements RSE peu décisionnaires

Certes les services de développement durable se sont étoffés et sont  montés en compétence ces dernières années. Mais sans briser réellement  le plafond de verre. Les équipes opèrent de manière fragmentée, loin des  organes de décision et manquent de budget et de ressources pour avancer  réellement. Le fossé se creuse entre les objectifs annoncés et la réalité sur  le terrain. Ce constat est critique car il érode peu à peu la confiance entre  l’entreprise et ses parties prenantes.

Pas assez de synergie entre les systèmes financiers et extra-financiers

Le système de mesure et de rétribution de la performance ESG est encore  dissocié de la sphère financière qui calcule la profitabilité ou qui détermine  le cours de Bourse de l’entreprise. Ce cloisonnement dans les organisations  conduit les dirigeants à faire des choix stratégiques, à prendre des décisions  d’allocation de capitaux et de budgets, qui nuisent à la préservation des  ressources ou au bien-être des populations. Le lien entre création de valeur  financière et extra-financière n’est pas suffisamment démontré. Rares  sont les entreprises qui publient la part de leur chiffre d’affaires réalisée  avec des solutions vertes ou qui démontrent que la RSE est un moteur de  croissance et d’innovations. La directive CSRD s’inscrit dans ce sens. Mais  le travail à faire pour faire évoluer les mentalités et les processus est encore  considérable.

La limite des externalités négatives

Créer un produit ou un service responsable, changer de fournisseur  d’énergie, passer aux emballages zéro déchet, diminuer ses émissions  de CO2, est-ce suffisant pour changer de paradigme? Les départements  RSE qui se focalisent encore sur la réduction des impacts négatifs (ou  externalités négatives), persistent à faire la même chose sans remettre  en cause les composantes fondamentales des métiers et activités (R&D,  achats, vente, marketing) de l’entreprise. «Faire de l’impact» ne consiste  pas tant à faire de nouveaux produits ou services «à impact» mais à faire  différemment, en transformant le business model afin que ce dernier soit,  à produits ou services donnés, véritablement porteur d’impact dans toutes  ses dimensions.

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