Patrice Bonfy a co-fondé Le Paternel, un média qui s’adresse à la nouvelle génération de pères et de parents. Et ce n’est pas sa première expérience de l’entrepreneuriat. Rencontre avec un entrepreneur et un père comblé.
Comment es-tu devenu entrepreneur ?
En sortant d’école de commerce, j’ai créé, avec deux associés développeurs, une agence de marketing sur les réseaux sociaux. Maintenant, cela peut paraître banal, mais en 2008, c’était original d’utiliser Facebook pour faire de la communication ou du service client. En 2014, nous avons vendu cette agence à un grand groupe dont nous sommes restés salariés pendant 3 ans. En 2017, l’un de mes associés et moi avons décidé de replonger dans l’entrepreneuriat.
Au départ, j’étais plutôt du type \ »entrepreneur-artisan\ » : je créais des boutiques, et quand j’avais trop de travail, j’embauchais des personnes pour m’aider. Pour mon nouveau projet, j’essaie d’adopter une approche plus \ »entrepreneur-industriel\ » : mettre en place des produits et des services qui ont un potentiel de déploiement à grande échelle. Pas seulement pour le potentiel financier, mais pour avoir un impact plus large.
Qu’est-ce qu’un entrepreneur selon toi ?
Un entrepreneur a forcément un peu vocation à changer le monde. Il y a différentes manières de changer le monde : inventer une nouvelle manière d’utiliser un déchet, simplifier une tâche personnelle ou professionnelle, accompagner les entreprises sur diverses thématiques sociales pour travailler avec des collaborateurs heureux et productifs, etc. Cela passe toujours par une idée.
Un entrepreneur transforme des idées en produits qui lui permettent de gagner sa vie et de faire vivre d’autres personnes.
L\\\’entrepreneuriat donne la possibilité, non seulement de tester de nouvelles idées sans attendre 1000 validations, mais aussi de les laisser tomber sans drame quand différents signaux nous indiquent qu’elles ne vont pas dans la bonne direction. Dans une grosse organisation, j’ai l’impression qu’on dépense plus de temps et d’énergie à déterminer si l’on va lancer ou arrêter un projet, qu’à tester vraiment les idées.
Comment est venue l’idée de créer un média pour les pères ?
Pour la naissance de mon deuxième fils, j’ai passé deux mois à la campagne avec ma femme et mon premier enfant. J’y ai découvert l’intensité du congé parental, et ma femme m’a donné l’idée de raconter dans un article cette découverte « paternelle » d’une expérience que toutes les mères connaissent bien. Un vendredi après-midi, j’ai posté cet article sur Facebook. Et là, surprise, en quelques heures, ce sont des milliers de vues et des centaines de commentaires qui affluaient de partout. Dont beaucoup de papas qui me remerciaient de mettre des mots sur ce qu’ils vivaient.
Cela m’a fait prendre conscience que les pères de notre génération s’impliquent beaucoup plus dans l’éducation des enfants, dans les tâches ménagères, etc. mais que le stéréotype du père détaché ou incompétent reste la norme. D’ailleurs, quand un père cherche des informations sur des sujets de parentalité, il tombe surtout sur des sites qui ne sont visiblement pas écrits pour lui, mais plutôt pour des femmes. Cette impression de « rentrer dans le vestiaire des filles » n’aide pas à s’approprier le rôle de parent. Selon une étude, 70 % des pères de la génération Y regrettent le peu de contenus disponibles en ligne sur la paternité. Mon associé et moi cherchions notre nouveau projet. On s’intéressait déjà aux marchés de l’éducation et des médias digitaux.
En découvrant ce \ »vide informationnel\ » sur une thématique pourtant majeure, nous avons décidé de créer Le Paternel pour favoriser l’épanouissement parental de la nouvelle génération de pères, et de parents.
Quelle autre activité as-tu développée ?
Le site gratuit est un laboratoire et une vitrine pour nos produits et services d’accompagnement des entreprises. Les entreprises ont un rôle important à jouer dans l’évolution des mentalités vis-à-vis des pères et des mères. Nous sommes convaincus qu’agir avec les entreprises leur permettra de gagner en compétitivité. Pour les aider, nous construisons, avec les contenus du Paternel et des partenaires variés des \ »plans parentalité\ » vers une meilleure compréhension de leurs collaborateurs parents.
Quels sont les entrepreneurs qui t’inspirent ?
Mark Zuckerberg, quoiqu’on en dise dernièrement, reste un peu ma star de l’entrepreneuriat. J’aime sa philosophie d’entreprise : « Nous ne construisons pas des services pour gagner de l\\\’argent, nous gagnons de l\\\’argent pour construire de meilleurs services. »
Plus proche de moi, j’ai la chance d’être entouré d’amis entrepreneurs qui m’inspirent, chacun à leur façon. J’ai envie de citer Renaud Seligmann par exemple. Il a co-fondé le Social Bar avec l’ambition d’insuffler de la convivialité dans un monde qui en manque.
Renaud mène son projet avec une passion authentique : il a embarqué plus de 170 co-patrons (dont je fais partie) dans son aventure et il donne de sa personne pour animer beaucoup de soirées du bar, mais aussi d’autres événements moins festifs au premier abord où ses techniques de convivialité font merveille. Il a de belles ambitions de développement pour ce qui est déjà beaucoup plus qu’un bar. Comme Zuck (le petit nom de Mark Zuckerberg), il ne construit pas de la convivialité pour gagner de l’argent, mais il se débrouille pour gagner de l’argent pour pouvoir apporter plus de convivialité, dans plus d’endroits. Ça me plaît.
Est-ce qu’un entrepreneur a toujours besoin de se former ?
Comment pourrait-on ne pas se former ? Un entrepreneur se retrouve toujours face à des choses nouvelles à faire et à comprendre. Donc il cherche des solutions, des outils, des explications, des spécialistes ! Internet est une formidable source de formation, avec les livres bien sûr, souvent trouvés sur Internet. J’ai toujours beaucoup lu mais récemment, je me suis mis aux livres de management et de développement personnel. Je pense qu’il me manquait jusque-là l’expérience professionnelle, ou « de la vie », pour que ces lectures commencent à me parler. Lire en anglais est important. Sans cela, on passe à côté d’une majorité de contenus variés et précis. Avec les livres numériques, les sous-titres ne sont jamais loin. Et plus on lit en anglais, plus on peut lire de choses en anglais. C’est un cercle vertueux. Au bout d’un moment, comme pour le cinéma, on se met à préférer la version originale à une traduction.
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